Once Upon a Book

Judy, portée disparue
Anne Cassidy

« Huit ans. Huit ans déjà que Judy a disparu au coin de la rue. Pourtant, pour sa sœur Kim, Judy est partout. Pas un jour sans que Kim ne pense à elle. Pas un jour sans qu'elle croie l'apercevoir parmi les autres enfants. Judy n'est plus là ; mais elle prend toute la place. Et Kim ne vit plus que pour cet infime espoir : retrouver sa sœur. »

 Edition : Milan Macadam

Mes sœurs avaient déjà lu le livre et étaient complètement partagées dans leur critique. L’une aimait beaucoup, l’autre détestait complètement. J’ai donc repoussé la lecture. Encore et encore. Jusqu’à le prendre enfin dans les mains et d’être complètement surprise !

Judy portée disparue raconte l’histoire d’une grande sœur, Kim, qui vit toujours dans l’attente de retrouver sa sœur, qui pense l’apercevoir dès qu’une petite fille est habillée d’un pull rose ou porte un ballon dans ces mains. C’est aussi l’histoire de toute la famille de cette Judy, disparue depuis l’âge de 5 ans, qui est décrite. Cette famille bouleversée mais soudée qui tente encore et toujours de découvrir la vérité sur la disparition de leur enfant. Nous suivons les différentes découvertes autour de cet évènement tragique du point de vue de Kim, étudiante à la fac, qui est emplie de l’ombre de sa sœur.

L’écriture d’Anne Cassidy est très plaisante, fluide et harmonieuse. Emprunte d’une poésie particulière qui permet de suivre le fil de l’intrigue de façon très douce sans réellement se lasser. Elle manie avec allégresse un certain suspect et se plait à nous offrir de fausses pistes sur lesquelles on se rue sans en avoir conscience.

Kim est oppressée par l’idée de sa responsabilité dans la disparition de sa sœur. En effet, cette dernière disparaît quand Kim était en charge de la surveiller. Après une querelle enfantine, beaucoup moins virulente que les vraies disputes entre sœurs, Judy s’éloigne dans la rue pour manifester son mécontentement et sa tristesse. Kim ne se laisse pas rentrer dans le jeu mais après l’avoir attendue pendant un temps relativement long, elle décide d’aller la chercher mais ne la retrouve nulle part. Judy est désormais portée disparue. Huit ans après, une émission vient enorgueillir l’enquête et on découvre dans le jardin d’une maison qui se trouve dans la rue où Judy a disparue, le pull rose de cette dernière enterré sous les dalles. Les recherches sont plus actives et tout le monde y va de sa supposition et de ses essaies de détective pour tenter d’aider.

Je me suis réellement attachée à la narratrice, m’attristant de sentir chez elle un profond sentiment de culpabilité qui l’a rongé depuis ces huit dernières années. Kim se sent responsable. Et au fond, si on avait été à sa place, on ne se serait pas senti moins coupable. J’ai été touchée de voir cette famille si soudée face à ce genre d’épreuves. Tout dans le roman est porté dans le soutien familial et la découverte « du pourquoi du comment » nous interpelle vraiment. Judy, portée disparue pointe aussi du doigt les secrets et les mensonges que l’on peut garder en nous, cacher de notre famille et qui finissent au final par nous faire plus de mal que de bien. Et pas seulement qu’à nous, mais à tous ceux qui nous entourent.

En conclusion, ce roman n’est pas un coup de cœur mais une lecture que je recommande vivement. Loin de tous les suspens prenants, du monde de la dystopie et de la science fiction. Très loin des histoires d’amour où les émotions sont étouffantes, Judy portée disparue est un souffle de fraicheur dans la tourmente.